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Il est toujours agréable le souvenir de la visite du Studio Hoche (Sté Barclay) un beau dimanche matin du mois de février 1960, et écouter Gérard Lehner et Jacques Lubin nous raconter l'enregistrement du premier disque des Chaussettes Noires avec Eddy Mitchell.(Visite organisée par AFDERS). Pourquoi ce retour aux sources ?En premier car souvent à l'heure actuelle il y une débauche
d'utilisation de matériels et périphériques pas toujours maîtrisés par
les preneurs de son et tout d'abord parce que les Chaussettes Noires ont
été le premier groupe de Rock'n'roll français, et qu'ils ont été parmi
les premiers à utiliser les guitares plates et les amplificateurs. Eddy Mitchell, comment le premier disque des chaussettes noires a vu le jour ?. Eddy Mitchell : j'avais monté avec quatre copains un groupe de rock et mon seul rêve était de voir un studio d'enregistrement et de me retrouver devant le même micro que celui que je voyais sur les pochettes de Gène Vincent ! Un soir, je me suis rendu chez Barclay et j'y ai rencontré Jean Fernandez. Je lui ai expliqué ma petite histoire, que je voulais faire un disque, et à la suite de cet entretien, nous avons pris rendez-vous au studio Hoche pour une audition. Est-ce que vous aviez déjà un répertoire ? Répertoire n'est pas vraiment le terme exact. Nous connaissions quatre morceaux que nous avions répétés dans un vieux cinéma désaffecté et que nous avions enregistré sur un magnétophone emprunté à un vieil aveugle... Aviez vous déjà des références sonores et une connaissance de ce qui se faisait à l'étranger ? Les seules références que nous avions étaient les disques
et leurs pochettes. Pour ma part, le son idéal pour l'orchestre était
bien entendu celui de Gène Vincent que nous n'arrivions d'ailleurs jamais
à obtenir ! Pour le matériel, c'était la même chose. Est-ce que vous vous appeliez déjà les Chaussettes Noires ? Non. Le groupe s'appelait Eddy Dan et les Danners, puis juste avant la sortie du disque, nous avions fait une télé sous le nom des "5 rocks". Quelques jours plus tard, connaissant la date de sortie du disque, nous avons écouté la présentation à l'émission "Salut les copains et à la fin de la chanson Daniel Filipacchi annonça, à notre grande surprise, "Vous venez d'entendre les Chaussettes Noires En fin de compte, ce nom avait été donné par Lucien Morisse car il y avait la possibilité d'une campagne publicitaire avec marque STEMM et d'une promotion très importante si ce nom était retenu. Comment s'est passée l'audition des Chaussettes ? Ces charmants garçons sont arrivés au studio avec un matériel époustouflant, des guitares plates, des amplificateurs énormes (rires) qui m'impressionnaient beaucoup. Apres avoir installé leur bazar, ils ont commencé à jouer et j'ai été très surpris par leur rythme endiablé et leur son distorsionné. C'est ainsi qu'Eddy Mitchell et les Chaussettes Noires ont signé leur premier contrat d'enregistrement avec Barclay. Ils ont donc enregistré pour de bon tout de suite après ? Oui : les premières séances ont dû commencer une dizaine de jours après l'audition.
Comment réagissaient les gens du studio vis à vis du groupe ? Extrêmement mal. Les Chaussettes Noires étaient considérés comme des minables et personne ne croyaient à une quelconque réussite. Pas très encourageant. C'est le moins qu'on puisse dire ! De plus, il y avait des problèmes d'ordre purement musical. Comme toutes les prises étaient faites en direct, il arrivait qu'Eddy chante 20 fois la même chanson, ce qui n'arrangeait pas les choses. En réécoutant l'ouvre aujourd'hui, on s'aperçoit que c'était quand même un des rares disques de l'époque qui soit vraiment propre. Est ce le résultat d'une démarche complètement lucide ou le fruit du hasard ? Il y a, bien entendu, une grande part de hasard dans le résultat, mais je pense néanmoins que le disque des Chaussettes, malgré le manque de technique, les difficultés que nous avons rencontrées, le manque de connaissances, est encore un de ceux qui étaient le plus dans l'esprit du rock. Il y avait une personnalité sonore qui existait vraiment, et une volonté de faire quelque chose de différent, de sortir des sentiers battus. Puisque l'on faisait du rock, il fallait le faire à notre manière. Si nous nous étions laissé influencer par des gens, techniciens ou autres, qui voyaient la chose d'un oil très différent, nous aurions fait un disque bâtard qui n'aurait absolument pas marché. Jacques Lubin, comment s'est passé l'enregistrement du premier disque des Chaussettes Noires et quels sont les différents problèmes auxquels vous avez été confronté ? Le principal problème est qu'à cette époque, les preneurs
de son, dont je faisais partie, étaient habitués à travailler "en
ambiance" c'est à dire en plaçant des micros à une certaine distance
de l'orchestre pour capter l'ensemble des instruments.
Qu'est ce vous utilisait comme micros ? Pour la voix d'Eddy, un Neumann U47 avec une bonnette
anti vent. Musicalement, quelle a été votre réaction vis à vis du rock'n'roll français balbutiant ? Au départ, j'avoue que j'ai eu du mai à m'y faire. Je ne comprenais pas le fait qu'on me demande de la distorsion alors qu'on se donnait justement un mal de chien à l'éliminer. Nous cherchions le son le plus propre et le plus pur possible et eux nous demandaient juste le contraire. As vous cru, dès le départ, au succès des Chaussettes Noires ? Personnellement, j'ai toujours cru que ces jeunes gens avaient quelque chose à dire mais ils ne savaient pas l'exprimer. Je leur ai toujours reproché de faire des disques alors qu'ils n'étaient pas vraiment mûrs, sur le plan musical, pour le faire et en fait le studio servait de salle de répétition... Mais tout de même, c'était une drôle d'expérience, quand on y repense maintenant. Destination Eddy remercie Jean Louis Weinmann
du site des chasseurs de son d'Aix-en-Provence France apelée l'A.P.E.R.S
(http://audioprovence.multimania.com/)
pour m'avoir permis d'avoir extrait cete page du site
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