MARS 2001
Interview d'Eddy dans l'express à l'occasion
de son actualité chargée.
Les dits d'Eddy
Les dits d'Eddy
Interview effectué par Thierry Gandillot et Eric Libiot paru le
29/03/2001.
Publié Avec l'aimable autorisation de l'Express. Merci à
eux.
© L'EXPRESS tout droits réservés
Album live, DVD, film, radio... Eddy Mitchell est hyperactif.
Il s'explique
Monsieur Eddy avance sur tous les fronts. Un double album de sa tournée
Les Nouvelles Aventures d'Eddy Mitchell, accompagné d'un DVD et
d'une VHS. Un film en préparation comme réalisateur, En
cherchant Sam, d'après le roman de Patrick Raynal. Et, en septembre,
le lancement d'une radio, Ciné FM, avec Patrick Meyer et Sam Bernett,
cofondateurs de RFM. Il était temps de faire le point.
Un disque enregistré en public, est-ce la cerise sur le
gâteau ou le début d'une nouvelle aventure?
Ce disque est un peu particulier. Depuis des années, mes producteurs
me suppliaient de reprendre mon premier succès, J'ai oublié
de l'oublier. Je n'avais rien contre, mais il fallait trouver une solution
pour que la chanson soit moins grandiloquente que dans sa version originale,
enregistrée il y a près de quarante ans - j'étais
à peine né...
Est-ce la première fois que vous organisez une tournée
autour d'une seule chanson?
Oui. Mais pas n'importe laquelle, tout de même! C'est la première
qu'on a faite avec Pierre Papadiamandis, mon complice depuis les débuts.
J'avais le sentiment qu'elle appartenait à son temps. Mais le fait
de l'épurer en laissant seulement un piano, un clavier et des plumiers
[violons, NDLR] lui a donné une nouvelle couleur qui m'a bien plu.
Comment choisit-on les titres d'un tour de chant?
On peut se permettre d'inclure une chanson qui n'a pas très bien
marché et qu'on aime beaucoup. Mais le public vient aussi pour
écouter vos tubes. Si vous lui imposez tout le nouvel album, vous
allez vous ramasser. Pour cette tournée, je n'ai repris que cinq
morceaux des Nouvelles Aventures d'Eddy Mitchell.
Vous n'en avez pas marre de reprendre les mêmes tubes?
Non. J'ai la chance d'en avoir une tripotée derrière moi.
Alors je peux puiser dedans sans revenir toujours sur les mêmes.
Dans le spectacle, il n'y avait pas Sur la route de Memphis...
Elle reviendra. Le problème, c'est que vous ne pouvez pas mettre
des violons ou des cuivres là-dessus, sinon on tombe dans le sirop.
C'est une ambiance country, intimiste. On ne va pas la chanter au milieu
de titres rhythm and blues.
Les cordes, c'est cela qui donne sa tonalité au spectacle?
Au départ, je n'en voulais que sur J'ai oublié de l'oublier.
Mais il y en avait aussi sur les versions originales de La Dernière
Séance et de Couleur menthe à l'eau. Alors pourquoi pas?
Les cordes, c'est contraignant. Un tour de chant avec 39 cordes et 5 cuivres,
c'est un vrai paquebot. Quand on les a, on ne peut plus improviser.
Vous écrivez vous-même les paroles de vos chansons.
Il y a même des universitaires qui font des thèses sur vos
textes. Ça vous fait rigoler?
Non. Bien sûr, il y a un petit côté statufié
qui n'est pas très agréable - après tout, les pigeons
vont chier sur les statues, hein? Mais je ne vais pas cracher dans la
soupe: c'est sympa de voir que quelqu'un pense que vos chansons, ce n'est
pas seulement un petit truc sympa, qu'elles sortent des sentiers battus.
Comment l'idée d'Il ne rentre pas ce soir, qui tape dans
le mille, vous est-elle venue?
Je l'ai écrite un jour où Eddie Barclay venait de vendre
sa maison de disques à une structure plus grande et où tous
les employés se demandaient à quelle sauce ils allaient
être mangés. Mon goût des petites histoires, ça
vient un peu du cinéma.
J'essaie de scénariser mes chansons avec un début, un milieu,
une fin.
Vous écrivez plutôt sur un coin de table, ou bien
vous vous dites «Aujourd'hui, j'écris une chanson»?
Plutôt sur un coin de table. Ce n'est jamais achevé du premier
coup. Si j'ai trouvé deux phrases, je suis déjà bien
content et je mets ça au chaud. Ça peut être un fait
divers, une phrase formidable glanée dans une conversation. Par
exemple, sur le dernier album: «J'ai des goûts simples: j'aime
que le meilleur.» A partir de cette réflexion, j'ai construit
une histoire. S'il n'y a pas de projet dans l'air, un disque ou une tournée,
je ne fais rien. Moi, si on ne me prévient pas, j'oublie... Je
n'écris pas des poè-mes, j'écris sur des musiques.
Avant un album, qu'est-ce que vous dites à Papadiamandis?
Je ne lui dis rien du tout. Il apporte des musiques, j'écoute,
et ça me donne des idées ou pas. Une mélodie, c'est
très rare qu'on ne puisse pas l'adapter comme on en a envie. Ça
arrive, bien sûr, mais, si elle tient la route, pas de problème.
Sinon, poubelle...
Il y a quinze ans, vous sortiez pratiquement un disque par an.
Aujourd'hui, le rythme s'est ralenti et vous n'êtes plus producteur...
Le travail est beaucoup plus long. Avec les nouvelles techniques, je ne
produis plus, parce que je ne sais plus faire. Pendant des années,
j'étais en studio, je ne voyais pas passer l'heure. Puis, un jour,
j'ai regardé la porte et je suis devenu un peu claustro. Quand
je chante, je discute des arrangements, je suis dedans, ça va,
mais, dès que je commence à me reposer, au bout de trois
écoutes, je m'emmerde.
Patrick Meyer et Sam Bernett ont annoncé le lancement
d'une radio entièrement consacrée au cinéma à
laquelle vous participeriez. Est-ce exact?
Absolument. Je crois qu'il y a des financiers intéressés.
Pour la fréquence, on attend l'avis de «M. CSA». Il
y aura l'actualité du cinéma, des films en direct célèbres
pour leurs dialogues, comme Les Tontons flingueurs, un feuilleton radiophonique
avec les voix des doubleurs des plus grandes stars américaines.
Moi, j'aurai une émission consacrée aux musiques de films,
aux chansons. Il y a des petites merveilles à faire découvrir.
Vous devez réaliser En cherchant Sam, d'après le
roman de Patrick Raynal...
Oui, eh bien, on le cherche toujours, Sam! Ça n'avance pas vite
parce que ce n'est pas fastoche à réaliser. Je me sers du
canevas du roman de Raynal, mais, hormis les grandes lignes, je n'ai rien
gardé. Tout le côté cul et dope, j'ai laissé
tomber. Ce qui me plaît dans le roman, c'est le désenchantement
de l'Amérique. Tous ces Français nourris à la musique,
au cinéma américains, aux fringues, qui ont cru au grand
rêve américain, et puis qui découvrent la réalité...
Il y aura de la belle image qui ne sert à rien. Par exemple, devant
le Grand Canyon, on ne parlera que de Boulogne-sur-Mer. Et il y aura aussi
les canards du Peabody Hotel de Memphis...
Les canards?
Oui, au Peabody, à 11 heures et à 16 heures, tout s'arrête.
Et de l'ascenseur sortent trois canards qui traversent le hall sur un
tapis rouge. C'était la décision du fondateur de l'hôtel,
qui était fou des canards. C'est pas beau, ça?
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