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Eddy et son Papa Depuis quarante ans, Eddy Mitchell et Pierre Papadiamandis écrivent
des tubes ensemble. Ils publient Frenchy, album le plus abouti du chanteur.
Rencontre © T. Dudoit pour L'Express L'un boit son whisky avec glace, l'autre sans. L'un chante, l'autre
pas. Mais pour s'envoyer des vannes, ils sont sur la même longueur
d'onde. Depuis quarante ans pile-poil, bon anniversaire, Eddy Mitchell
et Pierre Papadiamandis travaillent ensemble, et toujours de la même
manière: Papadiamandis livre les musiques; Eddy y colle ses paroles.
Soit exactement l'inverse de ce qui se fait habituellement. La méthode
fonctionne plutôt bien - depuis J'ai oublié de l'oublier,
sur le 7e album solo de Mitchell, Seul - puisqu'elle a quand même
donné La Dernière Séance, Couleur menthe à
l'eau, La Fille du motel, Le Cimetière des éléphants,
Nashville ou Belleville... Frenchy (Universal), leur dernier album (sortie
le 14 mai), n'est pas loin d'être ce qu'ils ont produit de mieux.
Réflexion faite, c'est ce qu'ils ont produit de mieux.
Eddy Mitchell Non. Mais vous pouvez le redire, ça fait toujours du bien à entendre. Comme je me barre chaque fois dans tous les sens, les albums ressemblent - celui-ci surtout - à un patchwork. Et sur tous les plans: la musique, le son et le texte. Est-ce une démarche volontaire de votre part? E. M. Non, rien n'est prémédité. Pierre et moi,
on aime plein de choses: country, rhythm and blues, ballades. On part
dans tous les sens. Vous souvenez-vous de votre première rencontre? E. M. Sur le plan sexuel, vous voulez dire? Il y a prescription. Qui composait vos musiques avant Pierre? E. M. Guy Magenta, notamment, qui avait écrit des trucs qui marchaient bien (Si tu n'étais pas mon frère). Il y avait aussi beaucoup d'adaptations de chansons américaines. Toujours un coin qui me rappelle, par exemple. Vous cherchiez donc des musiques originales? E. M. Oui, mais ce n'était pas évident. Les gens ont oublié qu'il y avait des grands succès, dits français, qui étaient des adaptations. Prenez tout le catalogue de Gloria Lasso et trouvez-moi une chanson française... Vous aurez du mal. Et pourtant on l'aimait bien, Gloria. Comment avez-vous commencé à écrire les textes? E. M. Je n'avais aucune envie d'écrire, mais comme je recevais des trucs vraiment débiles, je me suis dit: ça je peux faire, sans problème. Donc, je suis devenu auteur. Qui a eu l'idée de J'ai oublié de l'oublier? P. P. Moi. En tournée, avec Eddy, on arrivait souvent des heures avant le concert. Je me mettais au piano, la musique m'est venue comme ça, sous les doigts. Après, j'ai pensé que je pouvais devenir compositeur. E. M. On ne l'arrêtait plus... Avez-vous toujours fonctionné de la même façon: la musique d'abord, le texte ensuite? E. M. Je ne sais pas faire autrement. Je n'aime pas écrire. S'il n'y a pas une musique, je ne peux pas partir. Sans la musique, on est obligé d'écrire en rimes, mais dans ce cas-là, il faut avoir les cheveux longs et être boutonneux... «Vous savez, moi, je suis un petit artisan» P. P. Je livre deux ou trois musiques sous forme de maquette. Qui crée le plus rapidement de vous deux? P. P. Eddy. Comment avez-vous écrit J'aime les interdits? E. M. En studio, à Los Angeles. C'est rare. Pierre avait composé la musique trois jours plus tôt. On avait terminé l'enregistrement en avance, on avait donc le studio sur les bras avec des supermusiciens. Pendant que Pierre répétait le morceau, je suis sorti un moment. Dans la rue, on commence à me dire: «Vous mettez pas là, ne fumez pas». Je me suis dit: «La voilà, la chanson!»
Eddy, la chanson Je chante pour ceux qui ont le blues est votre marque de fabrique. E. M. Pas plus que ça... D'ailleurs, Pierre, en écrivant
cette chanson, ne pensait pas à moi. Raymond? P. P.Oui, Ray Charles. En fait, Pierre, vous lui faites un don: «Voilà la musique. Maintenant, fais-en ce que tu veux, sauf si je ne suis pas d'accord.» P. P. Donc, il n'en fait pas ce qu'il veut. Que faites-vous des musiques qui n'ont pas inspiré Eddy? P. P. Soit je les jette, soit je les retravaille.
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